24 juillet 2009
Yves Guyot - Inflation et déflation
Yves Guyot - Inflation et déflation
22 juin 2009
10 juin 2009
05 juin 2009
Cours du doyen Carbonnier sur la monnaie
Jean Carbonnier sur la monnaie
28 mai 2009
Peter Schiff - One man show
25 mai 2009
Philippe Simonnot - La ruse de l'euro
26 avril 2009
L'action humaine, de Ludwig von Mises
L'édition française du magnum opus de Mises était épuisée, et disponible uniquement en html sur le site de Hervé de Quengo. La voici, reformatée dans un fichier pdf pour plus de confort.
25 mars 2009
"Et si les chiffres ne disaient pas toute la vérité?" de Valérie Charolles
Ces sujets variés partent d'une réflexion centrale qui était déjà présente dans "Le libéralisme contre le capitalisme". Ce premier livre prônait le retour à un libéralisme authentique, à l'opposé du capitalisme dans lequel nous vivons. Le capitalisme actuel serait en effet antilibéral, parce qu'il repose sur des choix arbitraires qui accordent une importance prépondérante au capital dans la production, et négligent le rôle des services publics pour privilégier la production privée. Le libéralisme de référence, pour Valérie Charolles, serait plutôt celui d'Adam Smith, qui base sa conception de la valeur sur le travail plus que le capital, et qui accorde une place significative à la production de services par l'Etat. [Notons que le choix d'Adam Smith comme référence du libéralisme authentique n'est pas évident, ni neutre, et qu'une justification serait la bienvenue.]
Ce biais n'est pas le fait du hasard, mais est la conséquence de certains choix. La façon dont l'activité économique est mesurée, l'usage des mathématiques, une confiance exagérée dans le raisonnement économique, influencent nos décisions politiques. Cela conduit au capitalisme antilibéral critiqué précédemment. C'est le thème qui est développé dans "Et si les chiffres ne disaient pas toute la vérité ?" Ce livre apporte donc, en quelque sorte, la réponse à une énigme qui n'était pas résolue dans le précédent : d'où provient le caractère antilibéral du capitalisme actuel?
Un thème revient à plusieurs reprises : un chiffre est une réduction, une simplification de la réalité. Qu'il s'agisse du chômage, de l'inflation, du PIB, ou d'autres indicateurs, la perception de tous les membres de la société n'est pas uniforme. Un chiffre ou un indicateur fait abstraction des différences de signification et de valeurs entre les individus. Il impose nécessairement un point de vue arbitraire.
L'évolution de la science économique au 20ème siècle a accentué cette tendance. En accordant une place prépondérante aux mathématiques, elle a généralisé l'usage des indicateurs, des taux de croissance, etc. Utilisée comme un outil d'aide à la décision politique, l'économie mathématique fait donc violence à cette diversité de perceptions. L'économie nous imposerait certains choix, justifiés apparemment pour des raisons scientifiques. Ce ne sont plus les décisions humaines mais les lois immuables de la nature qui sont déterminantes pour organiser la société. Nous n'avons pas d'autre choix que de nous y plier.
On retrouver ici la vieille antienne selon laquelle "une autre société est possible". Dans ce livre, comme dans le précédent, Valérie Charolles exprime un désir ardent, celui de pouvoir agir sur les choix de société, et non de les subir. Mais cette question se heurte immédiatement à un problème pratique : qui décide? comment? Car le droit de ne pas être d'accord, qui est revendiqué ici, appartient à tous. Ce sujet est abordé dans un appendice qui présente les travaux d'Amartya Sen sur la théorie des choix collectifs. Sen a tenté de dépasser le côté arbitraire de l'optimum préconisé par la théorie de l'équilibre général, et d'atteindre une certaine objectivité. Mais, en dernière analyse, ce projet se solde par un demi-échec, car il substitue à la tyrannie de la majorité un algorithme de décision tout aussi arbitraire. La question reste donc ouverte.
A côté de ces question de philosophie politique, une partie du livre est consacrée à des questions importantes sur la philosophie des sciences. On aborde ainsi l'opposition entre sciences humaines et sciences naturelles, ainsi que l'épistémologie en économie. Le coeur de la thèse repose sur le rejet de la position kantienne. Pour Valérie Charolles, il n'existe pas de propositions synthétiques a priori en économie; pas de lois immuables qui puissent être connues indépendamment de toute expérimentation. De telles lois - si elles existaient - contraindraient nécessairement nos choix. La loi humaine ne peut pas contrevenir aux lois de la nature (aujourd'hui, on dirait lois de la physique).
Pour rejeter l'existence de lois immuables en économie, Valérie Charolles s'appuie sur le falsificationnisme de Karl Popper. Elle distingue les lois mathématiques invariables qui sont recherchées en physiques et dans les sciences naturelles, mais qui ne s'appliquent pas à l'homme et aux sciences humaines. La raison s'appelle le libre arbitre. C'est ce qui demeure de non déterministe dans notre comportement une fois défalquées toutes les influences mécaniques de notre environnement.
Le rejet des lois immuables en économie n'est pas totalement nouveau. C'était notamment la position de l'école historique et des marxistes au 19ème siècle. Mais encore faudrait-il préciser un peu mieux ce que l'on entend par "loi". Le propre d'une science est de rechercher l'existence de liens systématiques de cause à effet : "chaque fois que ceci se produit, telle conséquence suit." Ces propositions, lorsqu'elles sont exprimées dans le langage des mathématiques, prennent la forme d'énoncés universels. Ce point est longuement discuté dans le livre, en adoptant le point de vue de Popper. Mais il est également possible d'exprimer des liens de causalité systématiques sans avoir recours à ce langage. Par exemple : "chaque unité supplémentaire d'un bien est affectée à son usage le plus urgent" (loi de l'utilité marginale). C'est notamment la position de l'école autrichienne, entre autres (les post-keynésiens aussi).
L'école autrichienne échappe à la critique de l'économie qui est développée ici. Elle la rejoint, même, en rejetant l'usage des mathématiques, de l'expérimentation et des statistiques comme fondement du raisonnement économique. Cette école de pensée, qui s'est opposée dès l'origine à l'école historique et à Marx, est incarnée par des économistes comme Carl Menger, Ludwig von Mises, Friedrich Hayek, Murray Rothbard. Hormis Hayek, ils s'appuient sur l'existence de propositions synthétiques, d'a priori kantiens, et en déduisent des liens de cause à effet systématiques vrais en économie.
Surtout, ils soulignent l'importance de la subjectivité de l'individu dans la notion de valeur. C'est d'ailleurs parce que la valeur est subjective qu'elle ne peut pas être mesurée, quantifiée, et représentée sous forme mathématique, parce que cela lui donnerait une forme objective qui n'existe pas. Dans un tel cadre, le rôle des lois de l'économie n'est pas de dicter leurs choix aux individus. Ce n'est pas de préconiser telle ou telle politique économique, sous prétexte qu'elle serait "mathématiquement optimale". En cela, la position de Valérie Charolles est - paradoxalement - proche des autrichiens. Mais il n'en reste pas moins que, pour eux, il existe des loi immuables qui permettent de dire : telle action aura telles conséquences.
12 mars 2009
Panics and Booms, a lesson from 1897
18 février 2009
A B C du travailleur
About - ABC Du Travailleur
27 janvier 2009
Etat, qu'as-tu fait de notre monnaie?
24 janvier 2009
Points de passage sur la PI
Le principal défi pour défendre la PI est à mon avis de :
1) définir des droits matériels et immatériels qui ne se contredisent pas;
2) justifier cette définition;
J'ajoute une idée personnelle :
3) puisque défendre ses droits a un coût, il faut montrer que ce coût peut être supporté par le détenteur de ces droits (voir détails ci-dessous).
Pour 1), cela résulte de la notion même de droit. Les droits visent à éviter ou résoudre les conflits, or des droits contradictoires seraient source de conflit; ce ne serait donc pas des droits. Les conflits seraient résolus au cas par cas par les magistrats de manière discrétionnaire, sans que l'on puisse prévoir l'issue, faute de définitions, de règles ou de principes cohérents.
A l'inverse, on pourrait justifier la PI en disant que les droits sont une construction humaine, nécessairement imparfaite et donc contradictoire. Il est donc permis de définir des droits tout en sachant à l'avance qu'ils contrediront d'autres droits. Je ne connais aucune tentative de justifier la PI sur cette base.
Pour 2), les approches possibles se répartissent en deux catégories : a) utilitariste et b) éthique.
a) On peut attaquer la logique même de l'argument. Dans l'approche utilitariste, la fin justifie le moyen. Si la PI est le moyen d'atteindre une fin considérée comme souhaitable, elle est légitime. Le problème est qu'il peut y avoir plusieurs moyens pour atteindre une même fin. Rejeter l'un des moyens ne nous prive pas nécessairement de la fin recherchée, pour peu qu'elle puisse être obtenue autrement. Mêmesi la PI contribuait à la croissance, à la santé, au bien-être de l'humanité, ou à la préservation de l'environnement, et que ces fins soient justifiées, cela ne justifie pas pour autant
- si fin
- et (moyen implique fin)
------------------------------
- alors moyen
Le Rapport Lévy-Jouyet est un exemple d'une telle justification utilitariste puisqu'il est sous-titré "La croissance de demain". Ou encore, les brevets sur les médicaments incitent les laboratoires à innover. C'est donc un moyen efficace d'améliorer la santé publique. Si l'on accepte cette thèse, pour justifier la PI, on est donc ramené à justifier la croissance ou la recherche d'un meilleure santé publique. Pour l'attaquer, on peut essayer de montrer que la PI ne contribue pas à l'objectif recherché, ou bien que ses inconvénients sont plus importants que ses avantages. C'est l'approche qui fut retenue par Fritz Machlup dans son étude An economic review of the patent system (1958).
b) L'approche libérale est généralement éthique. Les droits de PI sont rejetés parce qu'ils violent les droits de propriété. Ce point est souvent négligé, voire même occulté dans les discussions sur
Pour 3), ma petite idée originale sur le sujet est d'appliquer le raisonnement de Ronald Coase à la propriété intellectuelle. Coase fait le raisonnement suivant :
- si l'on ne se préoccupe pas des droits légitimes et illégitimes a priori, mais uniquement de l'efficacité de la production économique,
- et si les coûts de transaction sont nuls,
- alors peu importe à qui est attribué un droit, puisqu'il sera facilement cédé à celui qui lui accorde le plus de valeur.
Le résultat économique sera donc le même indépendamment de l'attribution initiale des droits. Coase s'empresse d'ajouter que dans la réalité les coûts de transaction ne sont jamais nuls. Par conséquent, l'attribution des droits a des conséquences sur le résultat économique. Il conteste le second prémisse mais il accorde très peu d'attention au premier prémisse puisque, comme la plupart des chicagoans, il est purement utilitariste.
Si l'on adopte l'approche utilitariste de Coase, je suggère que la prise en compte du coût de défense des droits est un facteur important des coûts de transaction. Pour illustrer cette idée, comparons la situation d'un fermier propriétaire d'un champ, et d'un chanteur titulaire de droits d'auteur sur un fichier mp3. Dans les deux cas, leur propriété peut être violée par un intrus ou un pirate. Déclarer qu'ils ont des droits ne suffit pas à écarter cette menace. Il convient de prendre des mesures préventives, et de mettre en place des sanctions dissuasives.
Ainsi, le fermier plante une clôture autour de son champ, et fait savoir qu'il poursuivra avec l'aide du shériff tout intrus qui aura violé sa propriété. Il participe au financement de la justice comme tout citoyen, mais en pratique les intrusions sont plutôt rares et l'essentiel des coûts réside dans la construction de
Dans le cas du chanteur, au contraire, les DRM et autres technologies anti-pirates sont peu efficaces. Elles ont un coût élevé pour un bénéfice faible, et sans la menace de sanctions elles n'aurait pratiquement aucun effet sur le piratage. Une lutte efficace contre le piratage doit donc reposer sur l'effet dissuasif des sanctions plus que sur les mesures préventives. Il y a deux façons de rendre les sanctions dissuasives :
- des condamnations nombreuses, avec réparation proportionnelle du préjudice subi;
- des condamnations rares, mais avec des amendes élevées pour faire des exemples.
Des condamnations nombreuses coûteraient très cher à la justice, et le chanteur n'est pas prêt à en supporter le coût. Il est dans la situation du fermier qui voudrait défendre son terrain mais ne veut pas payer le salaire du shériff. Il ne reste donc à mon avis qu'une seule solution : condamner très lourdement quelques contrevenants pour "faire un exemple". Peut-être est-ce faisable, je ne me prononcerai pas...
Autre lecture recommandée : The economy of ideas (1994) de John Perry Barlow, chanteur desGrateful Dead