Je vous recommande de prendre quelques minutes pour regarder cette très belle animation que Kerry Pearson a réalisée pour l'International Society of Individual Liberty afin d'expliquer leurs idées (VF ici).
Ensuite, il y a cette animation que je ne recommande pas, réalisée par je ne sais qui pour je ne sais quelle organisation (*). Au premier degré ça parle d'eau, mais quel est vraiment l'objectif des auteurs? Il est intéressant de la regarder après la précédente, car ce type de message correspond entre autres à ce que dénoncent les libertariens.
(*) Si quelqu'un trouve d'où vient ce truc, merci de poster un commentaire.
07 février 2007
06 janvier 2007
Les allocations familiales sont immorales
Merci à SM d’Econoclaste d’avoir déniché cet article qui m’a donné envie d’écrire ce qui suit. Il s’agit d’un commentaire des nouvelles mesures de politique familiale allemande entrées en vigueur le 1er janvier 2007. Le taux de fécondité est actuellement de 1,3 enfant par femme outre Rhin, ce qui suscite des craintes de déclin démographique et d’effondrement du système de retraites par répartition. En Allemagne, les allocations familiales sont beaucoup moins généreuses qu’en France, et le nombre de crèches est faible ce qui explique probablement qu'un grand nombre de jeunes mères restent à la maison. De manière générale, la dépense publique allemande en faveur de la natalité est plus faible que chez nous. Observant qu’en France le taux de fécondité est de 1,9 enfant par femme, le gouvernement de A.Merkel a décidé de mettre en place des allocations plus incitatives à partir du 1er janvier 2007. Cette mesure semble efficace, puisque l’article cité plus haut raconte de façon anecdotique que certaines femmes ont tenté de retarder la date de leur accouchement jusqu’au 1er janvier afin de bénéficier de la hausse des allocations.
A ce stade, on peut déjà faire deux constats :
- la dépense publique globale de la politique familiale française est massive (de l’ordre de XXX Md€ – plus de 50 Md€ je crois – rien qu’en comptant les allocations familiales, le quotient familial, et les crèches municipales qui sont des dépenses visant exclusivement la famille) ;
- les études montrent que les politiques familiales sont efficaces, c’est-à-dire qu’elles modifient de façon très significative le comportement des gens en matière de procréation, et l’anecdote de la mesure allemande entrant en vigueur le 1er janvier ne fait que le confirmer.
Reste maintenant à poser une question que l’on se pose (trop) rarement : est-il légitime d’encourager les gens à faire des enfants ? Autant vous donner tout de suite ma réponse : c’est un non catégorique, et je m’en vais de ce pas justifier cette affirmation.
Il y a de nombreuses justifications possibles de la politique familiale. J’en liste ici quelques-unes pour mieux montrer en quoi aucune d’elle ne justifie une intervention publique :
- faire des enfants est une bonne chose, rend les gens heureux, et l’intervention de l’Etat dans ce domaine augmente notre bien-être ;
- un enfant coûte cher, ce qui fait que les pauvres sont pénalisés dans leur désir d’enfants par rapport aux riches ;
- il est nécessaire pour le bien de la France d’assurer le renouvellement des générations et d’éviter tout déclin démographique comme en Allemagne ;
- toute baisse ou ralentissement démographique mettrait en danger notre système de retraites par répartition (entre autres), et la solidarité entre générations ;
- s’il y avait moins d’enfants, les pédophiles auraient plus de difficultés à trouver des victimes.
J’espère que vous trouvez choquant le dernier argument, c’est pour cela que je l’ai donné. Il s’agit justement de montrer que, malgré les apparences, certaines justifications qui nous paraissent bénignes ne sont en réalité pas différentes de la dernière. Si vous êtes convaincu de cette ressemblance, vous serez sans doute d’accord qu’il est immoral d’inciter les gens à faire des enfants au bénéfice des pédophiles, tout comme il est immoral de les y inciter pour toutes les autres raisons.
Imaginons qu’un pédophile cherche à payer une mère afin qu’elle porte un enfant qui deviendra sa victime. Toutes les mères seront révulsées à cette idée, et la plupart refuseront. Mais dans la mesure où le prix payé par le pédophile est la contrepartie de la souffrance de la mère, il arrivera à en convaincre quelques-unes moyennant un prix suffisamment élevé. Ce type de crime parental odieux existe avec différentes variantes (prostitution, esclavage infantile, etc.), ce qui montre que l’exemple n’est pas aussi théorique qu’il en a l’air. Ce qu’il faut retenir de l’exemple du pédophile est qu’il constitue un échange entre lui et la future mère : du plaisir contre de l’argent pour lui ; de l’argent contre de la souffrance pour elle. Ce que je n’ai pas dit, c’est que notre pédophile ne veut en aucun cas user de la contrainte avec la mère. La transaction se fait donc avec le consentement des deux parties, à un prix tel que chacun y trouve son avantage. Qu’en est-il pour l’enfant ? C’est un être innocent qui va naître pour souffrir, et rien ne viendra atténuer sa souffrance. Comme tout esclave ou tout enfant prostitué, il va endurer les pires sévices sans avoir donné son consentement et sans aucune forme de contrepartie.
Si vous avez tenu le coup jusqu’ici, vous avez compris où je voulais en venir : A et B font un échange mutuellement bénéfique, tandis que C qui est placé sous la responsabilité de B donne à A sans contrepartie. C’est exactement ainsi que l’on justifie parfois les allocations familiales : les cotisants du système de retraite paient des mères pour les inciter à faire des enfants qui paieront leur retraite. Cela n’a rien à voir avec ce qui se passe dans les société traditionnelles, où les gens comptent sur leurs enfants pour s’occuper d’eux pendant leurs vieux jours. En effet, ce schéma traditionnel est une forme d’échange équilibrée entre les parents et les enfants. Les parents s’occupent de leur progéniture, qui en retour les nourrit une fois qu’ils sont vieux. Des parents indignes qui battraient leurs enfants courent ainsi le risque d’être abandonnés plus tard par leurs enfants, et supportent donc les conséquences de leurs actes, ce qui les responsabilise. Une autre forme d’échange est rendue possible par l’héritage, car dans les sociétés où le futur défunt peut disposer librement de son bien, il peut attribuer la succession aux enfants ou aux personnes de son choix qui se seront occupé de lui pendant ses derniers moments. Ce sont des échanges consentis entre un adulte et un enfant, mutuellement bénéfiques, et qui n’ont donc rien à voir avec l’exemple du pédophile ou des retraites. A l’inverse, ces deux derniers comportements ont en commun l’absence de consentement : les cotisations retraites doivent être prélevées par la contrainte, et certaines personnes tentent sans succès de s’y soustraire, et les enfants ne peuvent pas donner leur consentement au pédophile en raison de leur immaturité, ce qui caractérise bien un vice (sic) de consentement.
Les autres justifications de la politique familiale citées plus haut peuvent être écartées assez rapidement. Si le fait d’avoir des enfants rend les gens heureux, il n’y a aucun besoin que l’Etat les y incite, sinon il devrait aussi diriger nos autres activités hédoniques. De plus, il y a des gens qui, quoi qu’on en pense, n’aiment pas les enfants, et qu’une telle politique pénalise. En clair, dans nos sociétés, les célibataires sans enfants sont culpabilisés par un impôt punitif. Cette idée était poussée à son comble sous Vichy, puisqu’un couple qui n’avait pas d’enfant dans ses deux premières années de mariage se voyait retirer l’avantage fiscal du mariage. Pour ce qui est des pauvres, et du fait qu’un enfant coûte cher, la réponse est apportée par une observation simple : ce ne sont pas les couples les plus pauvres qui ont le moins d’enfants mais les plus riches. On explique généralement ce phénomène par le fait qu’un riche se prive d’un salaire élevé en ayant un enfant et dépensera plus pour l’élever, tandis que le coût d’opportunité pour un pauvre est plus faible. Une politique familiale qui viserait à compenser les inégalités de revenus devrait donc aider les riches à supporter financièrement le coût de leur enfant. Les pauvres manquent d'argent pour toutes sortes de choses et pas seulement faire des enfants et il est injuste de leur donner des allocations à condition qu'ils aient des enfants. Si on se préoccupe du bien-être des pauvres, il vaut mieux leur donner de l'argent qu'ils pourront utiliser comme bon leur semble. Quant au déclin démographique, c’est un lieu commun qui n’a aucun fondement. Lorsqu’un grand malheur comme une guerre ou une épidémie s’abat sur une nation, sa population peut diminuer, ce qui nous fait confondre malheur et baisse démographique. Mais ce n’est pas la baisse démographique qui engendre le malheur. Sans être malthusien, on peut même voir qu’elle a certains avantages : plus de place, plus de ressources, un environnement moins pollué, et au final un bien-être qui s’améliore ou en tout cas qui ne diminue pas.
Je ne prétends pas que la liste des justifications avancées ici est exhaustive. Si vous voyez d’autres arguments en faveur de la politique familiale, vos commentaires sont les bienvenus. Mais au vu de ce qui précède, les principaux arguments en faveur d’une politique familiale sont de nature économique. C’est d’ailleurs ce que nous disent les chiffres, car nos dépenses familiales sont absolument considérables : si XXX Md€ ne sont pas une intervention à visée économique, qu’est-ce qui l’est ? C’est aussi le principal argument avancé par les Allemands pour la mise en place au 1er janvier de nouvelles allocations. C’est enfin une idée généralement acceptée que si un pays a trop d’enfants – comme en Afrique – il se porte moins bien, de même que s’il en a trop peu – comme l’Allemagne –, et qu’il faut donc tendre au renouvellement des générations. Or non seulement ce sont de mauvaises raisons, mais elles ne justifient en rien une intervention publique. Une telle intervention consiste à imposer à toute la population un choix arbitraire au lieu de laisser les gens prendre leur décision à titre privé.
Si un couple est inquiet pour sa retraite, et veut plus d’enfants pour assurer ses vieux jours, il peut assumer ses responsabilités et avoir un enfant. L’échange entre parents et enfants aura lieu entre parties consentantes et responsables, et sera équilibré contrairement au schéma A-B-C décrit ci-dessus. Maintenant examinons le scénario suivant : M. et Mme Dupont veulent s'acheter une voiture, et pour cela ils doivent soit réduire le reste de leur consommation, soit entamer leurs économies. Ne souhaitant faire ni l'un ni l'autre, ils font un enfant et trouvent le moyen de l'endetter à la naissance afin qu'il rembourse plus tard leur achat. Ou, ce qui revient au même, ils cassent leur plan d'épargne retraite pour s'acheter un bolide, et font en sorte que leur enfant s'occupe de leur retraite. Cet exemple est volontairement caricatural, mais il montre bien le dilemme. Comme dirait un biologiste, il y a un conflit d'intérêt entre les parents et les enfants sur la taille optimale de la couvée. Encore les Dupont sont-ils responsables de la décision qu'ils prennent pour leur propre enfant. Mais les politiques familiales publiques sont une incitation par laquelle l’Etat utilise les impôts de tous les cotisants (A) afin d’encourager tous les Dupont (B) à avoir des enfants (C). Les cotisants A bénéficient de cette politique puisqu’ils peuvent ainsi accroître leur consommation et/ou leur retraite en contrepartie d'un impôt. Les parents B ne perdent pas au change, puisque la charge marginale que représente pour eux le fait d’élever des enfants supplémentaires est exactement compensée par les allocations. En revanche, les enfants C sont les grands perdants de l’opération, puisqu’ils plus tard ils devront donner à A sous la contrainte, sans aucune contrepartie ni consentement. Comme dans l’exemple du pédophile, une telle politique ne respecte pas les droits des êtres humains qui vont naître.
A ce stade, on peut déjà faire deux constats :
- la dépense publique globale de la politique familiale française est massive (de l’ordre de XXX Md€ – plus de 50 Md€ je crois – rien qu’en comptant les allocations familiales, le quotient familial, et les crèches municipales qui sont des dépenses visant exclusivement la famille) ;
- les études montrent que les politiques familiales sont efficaces, c’est-à-dire qu’elles modifient de façon très significative le comportement des gens en matière de procréation, et l’anecdote de la mesure allemande entrant en vigueur le 1er janvier ne fait que le confirmer.
Reste maintenant à poser une question que l’on se pose (trop) rarement : est-il légitime d’encourager les gens à faire des enfants ? Autant vous donner tout de suite ma réponse : c’est un non catégorique, et je m’en vais de ce pas justifier cette affirmation.
Il y a de nombreuses justifications possibles de la politique familiale. J’en liste ici quelques-unes pour mieux montrer en quoi aucune d’elle ne justifie une intervention publique :
- faire des enfants est une bonne chose, rend les gens heureux, et l’intervention de l’Etat dans ce domaine augmente notre bien-être ;
- un enfant coûte cher, ce qui fait que les pauvres sont pénalisés dans leur désir d’enfants par rapport aux riches ;
- il est nécessaire pour le bien de la France d’assurer le renouvellement des générations et d’éviter tout déclin démographique comme en Allemagne ;
- toute baisse ou ralentissement démographique mettrait en danger notre système de retraites par répartition (entre autres), et la solidarité entre générations ;
- s’il y avait moins d’enfants, les pédophiles auraient plus de difficultés à trouver des victimes.
J’espère que vous trouvez choquant le dernier argument, c’est pour cela que je l’ai donné. Il s’agit justement de montrer que, malgré les apparences, certaines justifications qui nous paraissent bénignes ne sont en réalité pas différentes de la dernière. Si vous êtes convaincu de cette ressemblance, vous serez sans doute d’accord qu’il est immoral d’inciter les gens à faire des enfants au bénéfice des pédophiles, tout comme il est immoral de les y inciter pour toutes les autres raisons.
Imaginons qu’un pédophile cherche à payer une mère afin qu’elle porte un enfant qui deviendra sa victime. Toutes les mères seront révulsées à cette idée, et la plupart refuseront. Mais dans la mesure où le prix payé par le pédophile est la contrepartie de la souffrance de la mère, il arrivera à en convaincre quelques-unes moyennant un prix suffisamment élevé. Ce type de crime parental odieux existe avec différentes variantes (prostitution, esclavage infantile, etc.), ce qui montre que l’exemple n’est pas aussi théorique qu’il en a l’air. Ce qu’il faut retenir de l’exemple du pédophile est qu’il constitue un échange entre lui et la future mère : du plaisir contre de l’argent pour lui ; de l’argent contre de la souffrance pour elle. Ce que je n’ai pas dit, c’est que notre pédophile ne veut en aucun cas user de la contrainte avec la mère. La transaction se fait donc avec le consentement des deux parties, à un prix tel que chacun y trouve son avantage. Qu’en est-il pour l’enfant ? C’est un être innocent qui va naître pour souffrir, et rien ne viendra atténuer sa souffrance. Comme tout esclave ou tout enfant prostitué, il va endurer les pires sévices sans avoir donné son consentement et sans aucune forme de contrepartie.
Si vous avez tenu le coup jusqu’ici, vous avez compris où je voulais en venir : A et B font un échange mutuellement bénéfique, tandis que C qui est placé sous la responsabilité de B donne à A sans contrepartie. C’est exactement ainsi que l’on justifie parfois les allocations familiales : les cotisants du système de retraite paient des mères pour les inciter à faire des enfants qui paieront leur retraite. Cela n’a rien à voir avec ce qui se passe dans les société traditionnelles, où les gens comptent sur leurs enfants pour s’occuper d’eux pendant leurs vieux jours. En effet, ce schéma traditionnel est une forme d’échange équilibrée entre les parents et les enfants. Les parents s’occupent de leur progéniture, qui en retour les nourrit une fois qu’ils sont vieux. Des parents indignes qui battraient leurs enfants courent ainsi le risque d’être abandonnés plus tard par leurs enfants, et supportent donc les conséquences de leurs actes, ce qui les responsabilise. Une autre forme d’échange est rendue possible par l’héritage, car dans les sociétés où le futur défunt peut disposer librement de son bien, il peut attribuer la succession aux enfants ou aux personnes de son choix qui se seront occupé de lui pendant ses derniers moments. Ce sont des échanges consentis entre un adulte et un enfant, mutuellement bénéfiques, et qui n’ont donc rien à voir avec l’exemple du pédophile ou des retraites. A l’inverse, ces deux derniers comportements ont en commun l’absence de consentement : les cotisations retraites doivent être prélevées par la contrainte, et certaines personnes tentent sans succès de s’y soustraire, et les enfants ne peuvent pas donner leur consentement au pédophile en raison de leur immaturité, ce qui caractérise bien un vice (sic) de consentement.
Les autres justifications de la politique familiale citées plus haut peuvent être écartées assez rapidement. Si le fait d’avoir des enfants rend les gens heureux, il n’y a aucun besoin que l’Etat les y incite, sinon il devrait aussi diriger nos autres activités hédoniques. De plus, il y a des gens qui, quoi qu’on en pense, n’aiment pas les enfants, et qu’une telle politique pénalise. En clair, dans nos sociétés, les célibataires sans enfants sont culpabilisés par un impôt punitif. Cette idée était poussée à son comble sous Vichy, puisqu’un couple qui n’avait pas d’enfant dans ses deux premières années de mariage se voyait retirer l’avantage fiscal du mariage. Pour ce qui est des pauvres, et du fait qu’un enfant coûte cher, la réponse est apportée par une observation simple : ce ne sont pas les couples les plus pauvres qui ont le moins d’enfants mais les plus riches. On explique généralement ce phénomène par le fait qu’un riche se prive d’un salaire élevé en ayant un enfant et dépensera plus pour l’élever, tandis que le coût d’opportunité pour un pauvre est plus faible. Une politique familiale qui viserait à compenser les inégalités de revenus devrait donc aider les riches à supporter financièrement le coût de leur enfant. Les pauvres manquent d'argent pour toutes sortes de choses et pas seulement faire des enfants et il est injuste de leur donner des allocations à condition qu'ils aient des enfants. Si on se préoccupe du bien-être des pauvres, il vaut mieux leur donner de l'argent qu'ils pourront utiliser comme bon leur semble. Quant au déclin démographique, c’est un lieu commun qui n’a aucun fondement. Lorsqu’un grand malheur comme une guerre ou une épidémie s’abat sur une nation, sa population peut diminuer, ce qui nous fait confondre malheur et baisse démographique. Mais ce n’est pas la baisse démographique qui engendre le malheur. Sans être malthusien, on peut même voir qu’elle a certains avantages : plus de place, plus de ressources, un environnement moins pollué, et au final un bien-être qui s’améliore ou en tout cas qui ne diminue pas.
Je ne prétends pas que la liste des justifications avancées ici est exhaustive. Si vous voyez d’autres arguments en faveur de la politique familiale, vos commentaires sont les bienvenus. Mais au vu de ce qui précède, les principaux arguments en faveur d’une politique familiale sont de nature économique. C’est d’ailleurs ce que nous disent les chiffres, car nos dépenses familiales sont absolument considérables : si XXX Md€ ne sont pas une intervention à visée économique, qu’est-ce qui l’est ? C’est aussi le principal argument avancé par les Allemands pour la mise en place au 1er janvier de nouvelles allocations. C’est enfin une idée généralement acceptée que si un pays a trop d’enfants – comme en Afrique – il se porte moins bien, de même que s’il en a trop peu – comme l’Allemagne –, et qu’il faut donc tendre au renouvellement des générations. Or non seulement ce sont de mauvaises raisons, mais elles ne justifient en rien une intervention publique. Une telle intervention consiste à imposer à toute la population un choix arbitraire au lieu de laisser les gens prendre leur décision à titre privé.
Si un couple est inquiet pour sa retraite, et veut plus d’enfants pour assurer ses vieux jours, il peut assumer ses responsabilités et avoir un enfant. L’échange entre parents et enfants aura lieu entre parties consentantes et responsables, et sera équilibré contrairement au schéma A-B-C décrit ci-dessus. Maintenant examinons le scénario suivant : M. et Mme Dupont veulent s'acheter une voiture, et pour cela ils doivent soit réduire le reste de leur consommation, soit entamer leurs économies. Ne souhaitant faire ni l'un ni l'autre, ils font un enfant et trouvent le moyen de l'endetter à la naissance afin qu'il rembourse plus tard leur achat. Ou, ce qui revient au même, ils cassent leur plan d'épargne retraite pour s'acheter un bolide, et font en sorte que leur enfant s'occupe de leur retraite. Cet exemple est volontairement caricatural, mais il montre bien le dilemme. Comme dirait un biologiste, il y a un conflit d'intérêt entre les parents et les enfants sur la taille optimale de la couvée. Encore les Dupont sont-ils responsables de la décision qu'ils prennent pour leur propre enfant. Mais les politiques familiales publiques sont une incitation par laquelle l’Etat utilise les impôts de tous les cotisants (A) afin d’encourager tous les Dupont (B) à avoir des enfants (C). Les cotisants A bénéficient de cette politique puisqu’ils peuvent ainsi accroître leur consommation et/ou leur retraite en contrepartie d'un impôt. Les parents B ne perdent pas au change, puisque la charge marginale que représente pour eux le fait d’élever des enfants supplémentaires est exactement compensée par les allocations. En revanche, les enfants C sont les grands perdants de l’opération, puisqu’ils plus tard ils devront donner à A sous la contrainte, sans aucune contrepartie ni consentement. Comme dans l’exemple du pédophile, une telle politique ne respecte pas les droits des êtres humains qui vont naître.
16 décembre 2006
Différents et néanmoins égaux
Voici un message extrait d'un long échange de mails avec des amis au sujet de la discrimination raciale aux Etats-Unis et de ses conséquences sur la réussite scolaire et économique des noirs. C'est un sujet qui commence à être d'actualité en France, ce qui se traduit par la tentation de la discrimination positive. Ce mail a été plutôt long à rédiger, et je profite donc de la fonction coupier/coller pour publier un article à peu de frais sur ce blog.
;-)
Hi guys,
Sorry to have let you down for so long. Set theory was keeping me busy, and I wanted to come back to you with a decent answer. So there we go.
Best,
S
1) Your claim: there is social and racial discrimination in our society and people suffer from it.
You give several reasons and question my objectivity on this issue:
• "Racism/inequality/structural exclusion, in their many faces, are a fact, a reality."
• "I had a colleague in school [who] was told by her advisor to pursue a two-year degree instead of a bachelor's degree because she was Hispanic and a woman"
• M.Gladwell's article on The chosen in the New Yorker
• "when you come across a book that doesn't support [this idea] you simply invoke lack of time as a reason for not reading it"
I am not denying in any way that racial and social discrimination exist and that people suffer from them. I don't know how it feels to belong to a minority in my country, and wish no one had to know (see also this book to understand why I didn't feel an urge to read The chosen). But the question I asked during our conversation in Luxembourg was different: do these discriminations really have a large influence on people's achievement in higher education (nowadays, in the US)?
2) My conjecture: at college level, cognitive aptitude is now more important than social origin to obtain a degree, and affirmative action has more than compensated the negative effects of racial discrimination.
This is based on NLSY data as compiled in The bell curve. Overall, there have been some – although comparatively few – critics about the source data and the way the authors did their computations. What they claim is that once students reach the point of entering college, social discrimination does not make a huge difference, and affirmative action even makes life easier for a black student than for a white or an asian student. Note that this does not contradict the existence of discriminations. Although in my view this result is not very difficult to accept, many people reply that it does not compare like with like. In their view, socially or racially discriminated people either don't go far enough to apply for college, and when they do, their IQ only reflects the negative impact of their condition. To support this view, there is the lieu commun that "people are created equal", so that in order to be found unequal later they must have endured a different treatment.
This was reflected in your comments:
• In recife, the city where I lived in Brasil, there is a preparatory school where most rich kids attent to ensure success in the highly competitive college entrance exams
• Suppose that both groups had to pass the same standarized test. In terms of mathematics, they would certainly outperform the rest of us as a group. Does this mean that they had all a higher IQ? That they had all greater learning potential? That they were more mathematically adept than us? No, it means its simply a difference in curriculum.
This debate naturally leads to the question: are people created equal? Incidentally, this is the reason for which I got interested in IQ and The bell curve in the first place. In economics, considering the fact that people have unequal levels of revenue, you have to wonder if they run different races ceteris paribus, or run the same race but simply have unequal aptitudes (it could also depend on luck for that matter). This is not to imply that life should only be seen as a competition, but the analogy has some merit. I hope this will answer a comment you made:
• I sincerely hope you abandon this (in my opinion flawed) fascination with IQ and The bell curve.
3) My claim: there is solid evidence that some innate attributes reflected in the index called IQ play an important role in scholar and economic achievement
On IQ you wrote:
• Does a 6 month old have the same IQ as a 6 year old? A 6 year old vs a 15 year old?
• What does the variation in IQ really tell us about the person? [Can the IQ predict if a person is a hard worker? Disciplined or scatter brain? Musically gifted? A great novelist?] Can IQ really predict the level of productivity an individual will attain in the right environment?
• Also, you might want to consider the discussion regarding standardized/IQ tests as cultural products or constructs.
These are good questions to test the validity of IQ, and the answer to both of them is roughly yes (except for those between brackets). From what I have read, IQ is quite stable along the life of a grown-up child and adult, and is a better predictor of professional peformance than most other tests. As for artistic creativity, discipline and so on, psychologists consider them to be separate personality traits. They all differ from IQ in a very important respect: they are much less heritable, in the order of 40% or less versus 60% or more for IQ. Finally, IQ is correlated with biological variables such as cranial volume and the speed of some nervous reaction in the brain.
So what exactly is IQ and how is it measured? Early in the 20th century, a psychologist named Spearman observed that scores in various tests were often correlated. Because they varied simultaneously, he thought that they could have a common factor which he named the g factor for general intelligence. The IQ test was then designed to extract the largest possible part of the variance of various other tests such as English, memory, math, SAT, etc. Because of numerous attacks against them, IQ tests have since evolved. Among the most recent versions, those based on Raven matrices are purely graphical, non-verbal and non-math, and well tested against cultural and social bias when taken under controlled conditions. In the Bell curve, the authors use scores from an armed forces test called AFTQ which is heavily loaded in g. From this perspective, it appears that many things that we considered to be largely determined by our social and cultural group, such as economic and educational achievement, are nowadays related more to IQ than to anything else.
This being said, we know very little about what might influence IQ apart from genes. This is a surprising statement, as we would have expected parenting and schooling to have a major influence. In fact, it seems that the non-genetic variance of IQ has little correlation with our family environment, and education programs such as head start or even more intensive programs seem to have almost no lasting effect on IQ. From what I have read, this remains an open question in modern psychology (see for instance this book). Of course, it is true in our countries only because the vast majority of children get a decent environment and education, and it does not preclude that a dramatic environment can permanently alter a child's development.
So, going back to our question about higher education, what if people actually do run the same race, but have different aptitudes either for genetic or unknown reasons? What should we do about it?
4) Your claim: it is both useless and morally wrong to compare human beings, most of all when this comparison is based on their belonging to a "racial" group
You wrote:
• we keep on referring to "race" as if it were a real thing
• I find it insidious, and downright dirty, to suggest, even if indirectly, that one racial group (in this case, black) might be intellectually inferior to others.
• a few people in the past and present (you not being the first one) have tried to qualify these differences in order to introduce and enforce policy, from segregation all the way to genocide. We just need to be careful not to qualify these differences once we agreed that they are quantifiable...
• Focusing on the supposed inferiority of a group rather than on correcting the strucutural factors that have led to or contributed to the "state of affairs" seems, therefore, to be self-serving and completely unproductive.
• The worst part of the IQ line of thought is that people actually would like to base policy on some statistical studies involving IQ.
I agree with all these statements, most of all with your provision about the "black–inferior" thing: having a lower IQ should never be considered an "inferiority", regardless of skin color. Yet IQ differences do exist, and the confusion with "class" often arises as soon as we try to measure it or other things ( S.J.Gould's book is a good example). Maybe this is due to our tendancy to think in terms of "good" and "bad" or in terms of a vertical rather than horizontal scale.
So to the question asked above, "What should we do about IQ?", I answer "Nothing, just let it be". What I mean by that is that public policies should not be concerned with people's IQ. Also, they should not try to change IQ as they have sometimes been trying to, all the more since we don't even know how to do it. From my liberal perspective, each individual should be considered responsible for making what he/she wishes of his life with no external interference every time it is possible. Those who are physically or mentally unable need to be helped, but the rest of us can each try his own way. We will be sometimes lucky, sometimes not, but this is also part of the thrill!
To end on a lighter note, I will go back to the "taller men" theory, as you stated in one of your mails:
• Well... I'm not sure if it's 'your' theory, but even if it were, it can be debunked just as well. Who says taller men get married earlier? And what does this mean in terms of procreating taller children? So my question is, why are these people getting taller and why are taller men so much more desirable that average but intellectually successful men?
As you can guess, I would be delighted to find some scholar supporting the idea. At first, I was sure I had read about this theory it somewhere. I remain convinced that someone must have come up with this idea before me, but I have found no evidence on Internet yet. So how could this work? Very simply: women prefer taller men (for no good reason, but as a state of facts), and the rest follows. The evidence to support this outrageous idea is given by the INSEE statistics, which show beyond doubt that in France taller men get married earlier, more often, and have more children. All of those contribute to the faster replication of their genes. I don't know if you will share my feeling, but this makes me absolutely hilarious and rather glad to be so brought back to my condition of "thinking animal".
;-)
Hi guys,
Sorry to have let you down for so long. Set theory was keeping me busy, and I wanted to come back to you with a decent answer. So there we go.
Best,
S
1) Your claim: there is social and racial discrimination in our society and people suffer from it.
You give several reasons and question my objectivity on this issue:
• "Racism/inequality/structural exclusion, in their many faces, are a fact, a reality."
• "I had a colleague in school [who] was told by her advisor to pursue a two-year degree instead of a bachelor's degree because she was Hispanic and a woman"
• M.Gladwell's article on The chosen in the New Yorker
• "when you come across a book that doesn't support [this idea] you simply invoke lack of time as a reason for not reading it"
I am not denying in any way that racial and social discrimination exist and that people suffer from them. I don't know how it feels to belong to a minority in my country, and wish no one had to know (see also this book to understand why I didn't feel an urge to read The chosen). But the question I asked during our conversation in Luxembourg was different: do these discriminations really have a large influence on people's achievement in higher education (nowadays, in the US)?
2) My conjecture: at college level, cognitive aptitude is now more important than social origin to obtain a degree, and affirmative action has more than compensated the negative effects of racial discrimination.
This is based on NLSY data as compiled in The bell curve. Overall, there have been some – although comparatively few – critics about the source data and the way the authors did their computations. What they claim is that once students reach the point of entering college, social discrimination does not make a huge difference, and affirmative action even makes life easier for a black student than for a white or an asian student. Note that this does not contradict the existence of discriminations. Although in my view this result is not very difficult to accept, many people reply that it does not compare like with like. In their view, socially or racially discriminated people either don't go far enough to apply for college, and when they do, their IQ only reflects the negative impact of their condition. To support this view, there is the lieu commun that "people are created equal", so that in order to be found unequal later they must have endured a different treatment.
This was reflected in your comments:
• In recife, the city where I lived in Brasil, there is a preparatory school where most rich kids attent to ensure success in the highly competitive college entrance exams
• Suppose that both groups had to pass the same standarized test. In terms of mathematics, they would certainly outperform the rest of us as a group. Does this mean that they had all a higher IQ? That they had all greater learning potential? That they were more mathematically adept than us? No, it means its simply a difference in curriculum.
This debate naturally leads to the question: are people created equal? Incidentally, this is the reason for which I got interested in IQ and The bell curve in the first place. In economics, considering the fact that people have unequal levels of revenue, you have to wonder if they run different races ceteris paribus, or run the same race but simply have unequal aptitudes (it could also depend on luck for that matter). This is not to imply that life should only be seen as a competition, but the analogy has some merit. I hope this will answer a comment you made:
• I sincerely hope you abandon this (in my opinion flawed) fascination with IQ and The bell curve.
3) My claim: there is solid evidence that some innate attributes reflected in the index called IQ play an important role in scholar and economic achievement
On IQ you wrote:
• Does a 6 month old have the same IQ as a 6 year old? A 6 year old vs a 15 year old?
• What does the variation in IQ really tell us about the person? [Can the IQ predict if a person is a hard worker? Disciplined or scatter brain? Musically gifted? A great novelist?] Can IQ really predict the level of productivity an individual will attain in the right environment?
• Also, you might want to consider the discussion regarding standardized/IQ tests as cultural products or constructs.
These are good questions to test the validity of IQ, and the answer to both of them is roughly yes (except for those between brackets). From what I have read, IQ is quite stable along the life of a grown-up child and adult, and is a better predictor of professional peformance than most other tests. As for artistic creativity, discipline and so on, psychologists consider them to be separate personality traits. They all differ from IQ in a very important respect: they are much less heritable, in the order of 40% or less versus 60% or more for IQ. Finally, IQ is correlated with biological variables such as cranial volume and the speed of some nervous reaction in the brain.
So what exactly is IQ and how is it measured? Early in the 20th century, a psychologist named Spearman observed that scores in various tests were often correlated. Because they varied simultaneously, he thought that they could have a common factor which he named the g factor for general intelligence. The IQ test was then designed to extract the largest possible part of the variance of various other tests such as English, memory, math, SAT, etc. Because of numerous attacks against them, IQ tests have since evolved. Among the most recent versions, those based on Raven matrices are purely graphical, non-verbal and non-math, and well tested against cultural and social bias when taken under controlled conditions. In the Bell curve, the authors use scores from an armed forces test called AFTQ which is heavily loaded in g. From this perspective, it appears that many things that we considered to be largely determined by our social and cultural group, such as economic and educational achievement, are nowadays related more to IQ than to anything else.
This being said, we know very little about what might influence IQ apart from genes. This is a surprising statement, as we would have expected parenting and schooling to have a major influence. In fact, it seems that the non-genetic variance of IQ has little correlation with our family environment, and education programs such as head start or even more intensive programs seem to have almost no lasting effect on IQ. From what I have read, this remains an open question in modern psychology (see for instance this book). Of course, it is true in our countries only because the vast majority of children get a decent environment and education, and it does not preclude that a dramatic environment can permanently alter a child's development.
So, going back to our question about higher education, what if people actually do run the same race, but have different aptitudes either for genetic or unknown reasons? What should we do about it?
4) Your claim: it is both useless and morally wrong to compare human beings, most of all when this comparison is based on their belonging to a "racial" group
You wrote:
• we keep on referring to "race" as if it were a real thing
• I find it insidious, and downright dirty, to suggest, even if indirectly, that one racial group (in this case, black) might be intellectually inferior to others.
• a few people in the past and present (you not being the first one) have tried to qualify these differences in order to introduce and enforce policy, from segregation all the way to genocide. We just need to be careful not to qualify these differences once we agreed that they are quantifiable...
• Focusing on the supposed inferiority of a group rather than on correcting the strucutural factors that have led to or contributed to the "state of affairs" seems, therefore, to be self-serving and completely unproductive.
• The worst part of the IQ line of thought is that people actually would like to base policy on some statistical studies involving IQ.
I agree with all these statements, most of all with your provision about the "black–inferior" thing: having a lower IQ should never be considered an "inferiority", regardless of skin color. Yet IQ differences do exist, and the confusion with "class" often arises as soon as we try to measure it or other things ( S.J.Gould's book is a good example). Maybe this is due to our tendancy to think in terms of "good" and "bad" or in terms of a vertical rather than horizontal scale.
So to the question asked above, "What should we do about IQ?", I answer "Nothing, just let it be". What I mean by that is that public policies should not be concerned with people's IQ. Also, they should not try to change IQ as they have sometimes been trying to, all the more since we don't even know how to do it. From my liberal perspective, each individual should be considered responsible for making what he/she wishes of his life with no external interference every time it is possible. Those who are physically or mentally unable need to be helped, but the rest of us can each try his own way. We will be sometimes lucky, sometimes not, but this is also part of the thrill!
To end on a lighter note, I will go back to the "taller men" theory, as you stated in one of your mails:
• Well... I'm not sure if it's 'your' theory, but even if it were, it can be debunked just as well. Who says taller men get married earlier? And what does this mean in terms of procreating taller children? So my question is, why are these people getting taller and why are taller men so much more desirable that average but intellectually successful men?
As you can guess, I would be delighted to find some scholar supporting the idea. At first, I was sure I had read about this theory it somewhere. I remain convinced that someone must have come up with this idea before me, but I have found no evidence on Internet yet. So how could this work? Very simply: women prefer taller men (for no good reason, but as a state of facts), and the rest follows. The evidence to support this outrageous idea is given by the INSEE statistics, which show beyond doubt that in France taller men get married earlier, more often, and have more children. All of those contribute to the faster replication of their genes. I don't know if you will share my feeling, but this makes me absolutely hilarious and rather glad to be so brought back to my condition of "thinking animal".
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