Lors de son audition par
Après avoir regardé quelques passage de la retransmission (http://www.assemblee-nationale.fr/12/commissions/outreau/) je me suis demandé, non pas « Est-ce bien ainsi que cela devait se passer ? Est-ce juste ? » mais « Quelles peuvent être les conséquences de ce type d’audition sur le fonctionnement de la Justice ? ». Et je propose une réponse basée sur la psychologie…
Tout d’abord je fais l’hypothèse qu’on peut considérer que le système judiciaire a un rôle de « détecteur de vérité ». Dans une affaire criminelle, il est rare que le juge puisse accéder directement à
Comme tout système de détection, le système judiciaire est caractérisé par deux paramètres : son seuil de détection, et sa sensibilité. Le seuil de détection représente la quantité de preuves que l’on estime nécessaire pour établir la culpabilité de l’inculpé. Si l’on abaisse le seuil on laisse échapper moins de criminels, mais on met plus d’innocents en prison, c’est le prix à payer pour
Les expériences en psychologie dans ce domaine (voir http://gusifang.blogspot.com/2006/03/great-ideas-of-psychology.html Lecture 9) montrent que l’humain est un système de détection beaucoup plus sensible qu’on ne le pense généralement, mais également très influençable. Le fait de dire aux juges « Vous devez absolument éviter les erreurs judiciaires, sinon vous risquez de passer à la casserole devant une commission parlementaire » n’est pas sans conséquences sur leur comportement. Ils vont probablement être plus consciencieux, et tenter d’améliorer la sensibilité du système, mais l’effet en sera limité parce que cela suppose des moyens et a donc un coût. L’autre effet, qui risque d’être beaucoup plus significatif, sera d’augmenter le seuil de détection pour éviter une nouvelle affaire Outreau. Et ceci se traduira par la remise en liberté de plus de criminels.
Evidemment, remettre plus de criminels en liberté pour réduire le nombre d’erreurs judiciaires n’est pas très satisfaisant. Il y a nécessairement un compromis à trouver, mais rien n’indique que l’équilibre actuel soit foncièrement mauvais. En revanche, améliorer la sensibilité du système judiciaire est un objectif beaucoup plus intéressant. Pour y arriver il faut raffiner les procédures, la formation des juges, l’organisation générale du système. Mais cela peut aussi nécessiter une augmentation des dépenses de justice pour mettre en œuvre des moyens de détection supplémentaires. Il n’y a donc pas de système idéal sauf à avoir un budget infini. C’est au Parlement de décider après son étude si il estime que le système actuel est trop grossier, et que ses inconvénients pour la société sont tels qu’ils justifient un investissement supplémentaire d’un certain montant.
La première conséquence – l’augmentation du seuil de détection – me paraît aujourd’hui pratiquement certaine, compte-tenu de l’impact psychologique de l’affaire d’Outreau. La deuxième – l’amélioration de l’efficacité de la Justice avec éventuellement plus de moyens – est beaucoup plus difficile à réaliser. C’est là que les parlementaires doivent porter leurs efforts.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire