14 septembre 2006

Livre : The bell curve (2/3)

Livre : The bell curve (1/3)
Livre : The bell curve (3/3)

[NDR : Les auteurs examinent ici le rôle de l’aptitude cognitive dans les comportements sociaux. Dans la deuxième partie, ils se limitent aux blancs afin d’examiner le rôle de l’aptitude cognitive dans les comportements sociaux indépendamment de l’origine ethnique. Puis, dans la troisième partie, ils reprennent les mêmes analyses, mais en comparant les noirs et les blancs, afin de déterminer si la prise en compte de l’aptitude cognitive apporte un éclairage nouveau sur ces questions.]

Deuxième Partie – Classes cognitives et comportement social

Alors que la Première Partie s’intéressait aux conséquences positives de l’intelligence, la Deuxième Partie étudie le lien entre l'intelligence et les problèmes sociaux. Malgré des études disparates, seule l’étude NLSY a permis de répondre de façons systématique et rigoureuse aux questions qui concernent le lien entre l’intelligence et divers comportements sociaux. Ceci est le résultat d’une heureuse coïncidence. En 1980, le Department of Defense décida d’améliorer les normes de ses tests de recrutement. Comme la NLSY venait de sélectionner fastidieusement un échantillon représentatif de la population, le DoD fit passer son nouveau test à 94% des 12686 jeunes gens qui figuraient dans l’échantillon. Le test retenu, l’AFQT, est étroitement corrélé au QI, et constitue une bonne mesure de l’intelligence générale. La méthodologie est la suivante : on cherche à voir comment une variable dépendante – par exemple la pauvreté – change en fonction d’une ou plusieurs variables indépendantes – par exemple le QI et le statut économique et social des parents (SES) [NDR : l’indicateur « SES » est un indice agrégé. Cela peut-il provoquer des biais ?]. Nous nous sommes principalement intéressés aux deux variables indépendantes QI et SES afin de montrer que le rôle du premier est généralement sous-estimé par rapport au second. Le nombre d’années d’éducation aurait pu être intéressant, mais il est fortement corrélé avec le SES des parents et le QI de l’enfant. Les résultats se présentent donc généralement sous la forme : « voici comment le QI affecte la probabilité d’être pauvre, indépendamment du SES » (ou vice-versa).

Dans ce chapitre, nous limitons l’analyse aux blancs « non-latinos » afin de pouvoir mettre en évidence le point suivant : la capacité cognitive influence le comportement social indépendamment de la race ou de l’ethnicité.

[NDR : Pour la lecture des graphiques, les courbes sont pratiquement toutes construites sur le même modèle. Sur chaque graphique figurent deux courbes. Pour la courbe « en fonction du SES » la population ayant un QI moyen, et pour la courbe « en fonction du QI » on étudie la population ayant SES moyen. Notez que l’échelle est différente sur chaque graphique, et que les probabilités indiquées vont de quelques pourcents à 90% selon les cas.]

La pauvreté

Le QI est plus prédicteur de la pauvreté d’un jeune que le SES de ses parents.

Une thèse répandue est que si on permet à un étudiant défavorisé de pousser ses études malgré des notes médiocres, il s’en sortira. Parmi les personnes ayant un diplôme de high school, le QI reste plus prédicteur de la pauvreté que le SES des parents. En revanche, parmi les diplômés du college, très peu sont pauvres. Ce diplôme donc a une valeur économique indépendamment du QI. Agit-il comme une carte de visite, par l’acquisition de compétences supplémentaires, ou parce qu’il mesure des aptitudes autres que le QI ? Les données utilisées ici ne permettent pas de répondre [NDR : Notez le faible écart entre personnes à haut QI, quel que soit le diplôme].

En 1991, 22% des enfants de moins de 15 ans vivaient sous le seuil de pauvreté. Pourquoi y a-t-il un nombre si scandaleusement élevé d’enfants pauvres dans un pays aussi riche que les Etats-Unis ? Le sentiment général est que le problème touche un peu toutes les familles, pour des raisons qui ont à voir avec les troubles économiques, la politique sociale peu généreuse des années 1980, et toutes formes de discriminations. Cependant, depuis que des statistiques sont disponibles, le taux de pauvreté a toujours été élevé dans les foyers avec une mère seule. Le nombre d’enfants pauvres a donc crû avec le nombre de mères seules, et cette vue est maintenant partagée des deux côtés de l’échiquier politique. Un enfant élevé par une mère seule a un risque élevé d’être pauvre, même si sa mère a un QI de 130. Qu’est-ce que la prise en compte du QI peut apporter sur cette question ? Une fois que le statut conjugal est pris en compte, le QI de la mère reste plus prédicteur de la pauvreté d’un enfant que le SES de ses parents.

L’éducation

Le QI est un meilleur prédicteur que le SES des parents pour savoir si un enfant arrêtera ses études avant la fin de la high school, ou s’il obtiendra un bachelor’s degree.

Cependant, indépendamment de leur QI, les enfants de familles populaires quittent parfois l’école pour reprendre leurs études plus tard et obtenir un diplôme équivalent à celui d’une high school [NDR : Pas dans les graphiques ci-joints]. On peut imaginer que leurs parents les ont encouragés à laisser tomber les livres pour travailler au plus vite. Bien qu’ils obtiennent leur diplôme plus tard, ces jeunes ne semblent pas avoir un succès professionnel en rapport avec leur intelligence, et ressemblent plus aux non-diplômés qu’aux diplômés.

Le chômage, l’oisiveté, les arrêts de travail


La famille compte

Pour les diplômés de high school, un QI élevé augmente la probabilité d’être marié à 30 ans tandis qu’un SES élevé la diminue. Pour les diplômés du college, il n’y a pas de différence.

Le QI et le SES ont des effets opposés sur la probabilité d’un divorce précoce.

Par la suite, le terme « illégitime » est employé pour désigner les enfants nés hors mariage. Ce terme nous vient de l’anthropologue B.Malinowski, qui observait que la présence du père était considérée comme indispensable dans toutes les cultures, occidentales comme orientales, primitives ou développées, cultivant ou non l’abstinence avant le mariage, mono- ou polygames. Actuellement, toutes les démocraties occidentales semblent pourtant lui donnent tort. Quels sont les rôles respectifs du QI et du SES parental sur la probabilité d’une naissance illégitime ? Le graphique ci-dessous fait apparaître une fourchette de 30% dûe au QI contre 8% pour le SES.

La dépendance sociale

Même après élimination des effets liés au statut conjugal et à la pauvreté, le fait pour une femme d’avoir besoin d’une aide sociale dans l’année suivant une naissance reste très lié à son QI.

En revanche, le fait d’être dépendante de l’aide sociale de façon chronique ou permanente dépend un peu plus du SES de ses parents que du QI.

Etre parents

Quels sont les rôles respectifs du QI et du SES pour les conditions de vie d’un tout jeune enfant ? Pour les cas extrêmes – la maltraitance –, l’idée selon laquelle ce mal existe dans toutes les strates de la société est à la fois vraie et inexacte, car le milieu social reste déterminant. Pour ce qui est du comportement pendant la grossesse, on constate que toutes les mères de l’échantillon se comportent de manière identique sauf sur un point : les cigarettes, qui varient avec le QI, les mères moins intelligentes continuant plus souvent de fumer [NDR : Petit exercice… Le tabagisme de la mère enceinte peut avoir des conséquences sur le développement cérébral de l’enfant, et engendrer des différences de QI. D’après vous, seront-elles comptabilisées dans les statistiques comme un facteur génétique ou environnemental ?]. Un indicateur qui peut avoir une incidence sur le bon développement et la santé d’un enfant est son poids de naissance. Le poids d’un enfant à la naissance est corrélé au QI de sa mère, et très peu à son SES. L’explication de ce phénomène est difficile, mais les données de la NLSY permettent d’éliminer certaines fausses explications : ni la pauvreté, ni les grossesses à l’adolescence, ni l’éducation ne diminuent significativement l’effet du QI lorsqu’on les prend en compte.

Afin de poursuivre l’exploration des facteurs d’un bon développement chez l’enfant, les études mesurent l’indice HOME qui tente de mesurer la qualité d’accueil du foyer (implication de la mère, jouets, organisation, punitions). Le QI est plus prédicteur de la qualité d’accueil du foyer que le SES.

On estime qu’un enfant a un problème de développement si il se situe dans le premier décile pour au moins un indicateur : enfant difficile, ayant un retard moteur ou social, ou des troubles du comportement. Le QI comme le SES ont un rôle modeste pour prédire si un enfant aura ou non un problème de développement.

Enfin, la NLSY, comme de nombreuses études qui l’ont précédée, indique que le QI de la mère est beaucoup plus important que le SES pour prédire le QI d’un enfant. Dans les discussions qui vont suivre sur les groupes désavantagés, on pourrait penser que le SES et les conditions du foyer ont des conséquences sur le QI d’un enfant. En effet, si l’on mène ces études sans prendre en compte le QI des parents, ces autres facteurs semblent avoir un effet important (sauf la pauvreté qui a un effet marginal). Mais dès que l’on prend en compte le QI de la mère, ces autres facteurs deviennent statistiquement peu significatifs. A l’inverse, l’effet du QI reste important même lorsqu’on prend en compte tous ces autres facteurs.

La criminalité

Après avoir intéressé les scientifiques depuis longtemps, le lien entre intelligence et délinquance a été globalement nié pendant les années 1960 et 1970. L’écart de QI entre la population carcérale et la population générale est pourtant de l’ordre de 10 points, et il existe même une corrélation entre la délinquance récidiviste et le QI mesuré à l’âge de 4 ans. L’intelligence semble avoir un rôle préventif même lorsque d’autres facteurs précurseurs existente : dans plusieurs études, les garçons dont le père a fait de la prison ont beaucoup plus de risque d’en faire que les autres. Les fils d’un père délinquant qui évitent la prison ont un QI plus élevé que leurs camarades délinquants. Le QI est cependant loin d’être le premier prédicteur de la criminalité, puisque sur ce plan il existe des différences énormes entre hommes et femmes indépendamment du QI. En revanche, si l’on compare l’importance relative de facteurs tels que le QI et le SES, le premier est nettement plus prédicteur de la délinquance.

Le civisme et la citoyenneté

La mesure des « valeurs middle-class » fait l’objet d’un débat, certains intellectuelles méprisant cette notion tandis que les autres – dont nous faisons partie – considèrent qu’elles sont un indicateur de cohésion sociale et d’ordre. Pour les besoins du graphique ci-dessous, un homme a obtenu « Yes » si il avait obtenu au moins un high school degree en 1990, avait travaillé pendant l’année 1989, n’avait jamais été interrogé en prison, et était toujours marié à sa première femme ; une femme a obtenu « Yes » avec les mêmes critères sauf le deuxième, remplacé par le fait de n’avoir jamais eu d’enfant hors mariage [NDR : Le travail des femmes n’est pas compté dans l’indice]. Comme on pourrait s’y attendre, « l’éducation » – reflétée par le SES des parents – a un effet notable, mais moins significatif que l’intelligence. Cet indice des « valeurs middle-class » n’a pas vocation à devenir une nouvelle référence en sciences sociales, mais il attire notre attention sur le fait que les valeurs traditionnelles qu’il intègre sont associées à l’intelligence [NDR : plus qu’au SES, ce qui est assez contre-intuitif].

Troisième Partie – Le contexte national

La Deuxième Partie s’intéressait au lien entre l’intelligence et différentes questions sociales en se limitant aux blancs. Dans la Troisième Partie, nous examinons la situation des différentes races et groupes ethniques aux Etats-Unis.

Les différences ethniques d’aptitude cognitive

Nous souhaitons appeler les gens comme ils s’appellent eux-mêmes, y compris en ce qui concerne les étiquettes ethniques. C’est pourquoi nous employons les termes d’asiatique, blanc, latino, et noir selon ce que les américains concernées disent être – ni plus, ni moins.

Quelles sont les différences de QI moyen observées entre les groupes ethniques et les blancs non-latinos ?

Asiatiques – L’écart avec les blancs est faible et il est donc difficile de donner une réponse précise. En synthétisant différentes études, on peut avancer un écart de 3 points de QI de plus que les blancs.

Juifs – Bien que nous parlions dans ce livre principalement de quatre groupes déjà cités, il est une question qui revient souvent : les juifs ashkénazes sont-ils plus intelligents que les autres groupes ? Aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne, il semble que la réponse soit oui, et l’écart est compris entre un demi écart-type et un écart-type de plus que les blancs. L’échantillon de la NLSY a été conçu pour prendre en compte un sous-groupe représentatif des principaux groupes ethniques, mais pas des juifs américains. Il n’est donc pas parfaitement fiable pour répondre à une telle question. Il donne un écart situé dans le haut de la fourchette.

Latinos – L’écart est généralement compris entre un demi écart-type et un écart-type de moins que les blancs, avec des réserves dûes aux difficultés de certaines personnes liées à la langue.

Noirs – La réponse est habituellement un écart-type, ce qui correspond à un QI moyen de 85 chez les noirs et 100 chez les blancs. Peu d’études donnent exactement ce résultat. Sur un total de 156 études recensées entre 1918 et 1990, les résultats sont compris entre 0 et 2 écarts-types. Lorsqu’on élimine certaines études selon des critères plus stricts, on obtient une fourchette de 0,5 à 1,5 écart-type, avec une moyenne légèrement supérieure à un écart-type, conformément au chiffre précédent. La NLSY, qui porte sur l’échantillon de loin le plus important, donne 1,2 écart-type.

Ces différences sont-elles réelles ? Après analyse, la plupart des objections telles que le biais externe, le biais culturel, ou la motivation, peuvent être écartées. Les différences ethniques de QI peuvent-elles être attribuées à des différences socioéconomiques ? Une première réponse est que, lorsque les différences socioéconomiques sont éliminées statistiquement, la différence diminue de 37%. Mais, comme on l’a vu, les différences socioéconomiques sont elles-mêmes en partie liées au QI, ce qui rend l’exercice difficile. La deuxième réponse est que, lorsque l’on compare des familles de même SES, le QI des deux groupes augmente parallèlement avec le SES et la différence de QI entre les enfants noirs et blancs est à peu près stable. Ces différences de QI ont-elles tendance à diminuer historiquement ? La réponse serait plutôt oui, mais avec des réserves car les études divergent sur ce point.

Génétique, QI et race

Dans La mal-mesure de l’Homme, Stephen J. Gould exprime l’idée, souvent reprise dans les media, qu’il n’y a aucune preuve – directe ou indirecte – en faveur d’une hypothèse génétique de différences raciales de QI. Comme il l’explique, le concept même de race est erroné, du fait du brassage de la population et de la nature imprécise des traits considérés comme raciaux. De plus, la division des groupes humains est trop récente – quelques dizaines ou centaines de milliers d’années au plus – pour qu’ils aient pu évoluer différemment. Enfin, les développements récents en génétique confirment que les différences entre humains sont mineures. Pourtant, même si il y a du vrai dans chacun des arguments de Gould, cela n’empêche pas que des gens qui s’appellent Japonais, Xhosa, Caucasiens ou Maori peuvent avoir des différences d’intelligence pour des raisons génétiques. Ces groupes diffèrent assurément sur le plan génétique, et la question est de savoir si les différences génétiques en question entraînent des différences d’aptitudes cognitives. Si il nous semble important de traiter cette question, ce n’est pas pour batailler avec ceux qui rejettent ces idées, mais parce qu’elles ont des conséquences pratiques pour le débat public. Toute preuve de différences ethniques risque d’être utilisée à mauvais escient, nous dit-on, et débattre en public des facteurs génétiques est dangereux. Nous ne sommes pas de cet avis, et pensons qu’il y a un danger plus grand à laisser se développer les convictions privées les plus erronées en refusant d’aborder le sujet dans les discours publics. Voici donc, pour le meilleur et pour le pire, un état des lieux des principaux courants de pensées sur les différences cognitives entre races.

[NDR : Dans les paragraphes qui suivent, les auteurs retracent les arguments des deux bords. Les principaux arguments contre l’existence de différences d’aptitude cognitive d’origine génétique entre les races sont les suivants :

- l’héritabilité est une notion statistique difficile à appréhender et souvent mal comprise, (par exemple, le fait qu’un trait soit fortement héritable au sein d’un groupe n’implique pas que les différences entre groupes soient d’origine génétique) ;

- la distinction entre effet génétiques et environnementaux est biaisée (par exemple, les effets d’une attitude sociale hostile envers les noirs peuvent être comptabilisés comme héritables parce qu’ils sont liés aux gènes pour la couleur de la peau) ;

- des études ont mis en évidence des liens avérés entre l’environnement désavantagé des noirs et leur QI ;

- si les écarts entre noirs et blancs lors de différents tests sont dûs à des différences d’intelligence générale, alors les écarts de résultats pour des tests spécifiques devraient être d’autant plus élevés que ces tests sont proche d’une mesure de l’intelligence générale ;

- l’anthropologue John Ogbu a montré que, dans divers pays et cultures, le fait d’appartenir à une minorité opprimée a un effet négatif sur la réussite scolaire ;

- l’effet Flynn indique que le QI moyen a augmenté lentement au cours du 20ème siècle, ce qui plaide en faveur d’un rôle de l’environnement ;

- une célèbre étude de cas d’adoption transraciale a montré un QI moyen de 117 pour les enfants biologiques des parents adoptifs (blancs et aisés), 112 pour les enfants adoptés blancs, 109 pour les enfants adoptés ayant un parent blanc ou asiatique et un parent noir, et 97 pour les enfants adoptés ayant deux parents noirs, plaçant ces derniers bien au-dessus de la moyenne noire (QI de 85).

Les critiques (scientifiques) émises après la publication du livre reprennent généralement ces mêmes arguments. Les auteurs reconnaissent d’ailleurs leur validité, dans la mesure où ils confirment que l’intelligence est malléable et que l’environnement a une certaine influence. Leur position se résume donc à dire que les différences d’intelligence ne sont pas dûes uniquement à l’environnement, mais sont en partie d’origine génétique. Le débat se poursuit, essentiellement entre les partisans du « 100% environnement » et les partisans du « 50% environnement – 50% gènes ». Voir cette synthèse publiée en 2005 par Arthur Jensen et Philippe Rushton, qui défendent la thèse du 50/50.]

Inégalités ethniques en relation avec l’intelligence

Dans ce chapitre, nous examinons des indicateurs d’éducation, d’occupation, de pauvreté, de chômage, d’illégimité, de délinquance, pour lesquelles il existe des inégalités notables entre les groupes ethniques. Lorsque l’intelligence est prise en compte, c’est-à-dire lorsque l’on compare les individus sur la base de la mêmes aptitude cognitive (QI = 100), ces inégalités diminuent, disparaissent, voire s’inversent dans quelques cas.

[NDR : A l’inverse, les graphiques suivants montrent que, après prise en compte du QI, certaines inégalités diminuent mais restent significatives.]

[NDR : Enfin, le graphique suivant montre que le QI ne joue pas un rôle important pour comprendre les écarts de naissances hors mariage entre noirs et blancs. Pourtant, on a vu plus haut que le QI était beaucoup plus prédicteur que le SES concernant le nombre de naissances illégitimes chez les blancs. C’est un exemple des difficultés des statistiques : la corrélation entre un facteur et les variations intragroupe ne permet pas de prédire la corrélation entre ce facteur et les variations intergroupes. Même quand on a des chiffres fiables, leur interprétation n’est pas facile…]

La démographie de l’intelligence

Nous avons vu qu’une aptitude cognitive plus élevée est associée à des études plus longues, un métier mieux rémunéré, un mariage plus tardif, et moins d’enfants. Ceci entraîne un rythme de reproduction d’autant plus faible que l’intelligence est élevée.

Quels effets cela peut-il avoir sur le pool génique ? Il s’agit d’estimer si un effet dysgénique peut entraîner une baisse de la moyenne, et éventuellement une augmentation des écarts au sein de la population. Les études sur ce sujet n’ont pas produit de consensus à ce jour : certains auteurs estiment que l’impact dysgénique a entraîné une baisse d’environ 1 point de QI par génération au cours du 20ème siècle, d’autres ne sont pas sûrs. Enfin, il reste à expliquer l’effet Flynn, car l’effet dysgénique peut être masqué par une amélioration de l’environnement.

Quels seraient les effets d’une baisse de 3 points du QI moyen, comparés à une hausse de 3 points ? Il s’agit d’un exercice fictif, puisqu’il est impossible de faire une prévision valable dans ce domaine. Mais à titre d’exercice, nous avons supprimé au hasard quelques personnes de l’échantillon de la NLSY jusqu’à obtenir une hausse ou une baisse de 3 points, afin de voir ce qui se passait. Le principal message est que les conséquences peuvent être importantes [NDR : Ceci peut se comprendre car un faible décalage se traduit par une modification importante de la queue de la distribution, aux deux extrêmes. Que peut-on retirer d’une telle simulation… ?].

Comportement social et prévalence d’une faible aptitude cognitive

[NDR : Rien de très nouveau dans ce chapitre, que je vous épargne ;-)]

2 commentaires:

M.H. a dit…

Désolé d'être collant, mais j'ai encore une question. Je sais que ça remonte, que la mémoire fera peut-être défaut, mais quand vous dites...

"« voici comment le QI affecte la probabilité d’être pauvre, indépendamment du SES » (ou vice-versa)."

... est-ce que vice-versa veut dire "SES indépendamment du QI" ? Donc sous-entendu, dans les graphiques qu'on peut lire, c'est l'effet du SES sur le crime, divorce, obtention du college degree (etc.) à QI équivalent ? Il y a corrélation entre QI et SES, mais plus le SES grimpe, plus le divorce grimpe, or plus le QI grimpe, plus le divorce baisse. Je suppose que pour en arriver à ce résultat, il a bien fallu raisonner comme suit : "l'effet du SES à QI équivalent" ou "l'effet du QI à SES équivalent".

Gu Si Fang a dit…

Oui c'est exactement ça, les auteurs essaient de reconstituer ce qui se passe quand l'un des paramètres est modifié tandis que l'autre reste constant.