La plupart des Etats occidentaux sont en train d'offrir à leurs institutions financières une aide qui se présente sous la forme d'une garantie. Ainsi, l'Etat français projette d'investir 40 milliards d'euros et de garantir 320 milliards. Nicolas Sarkozy déclare :
Supposez que vous soyez entrepreneur. Vous avez l'idée de lancer un dentifrice bio aux orties qui devrait faire un carton. D'après vos prévisions, il vous faut 100.000 euros pour financer le projet; vous les avez tout juste. Vous vous apprêtez à lancer le projet mais un soir je sonne à votre porte :
"Dis-donc, j'ai un problème en ce moment. J'ai fait de mauvaises affaires. Ca va mieux maintenant mais il va me falloir un peu de temps pour éponger tout ça. En attendant, tu vas te porter caution pour moi à hauteur de 100.000 euros. Ce n'est pas comme si je te demandais de l'argent : si tout va bien tu ne débourseras pas un euro. Et cette sécurité me permettra de redresser mes affaires."
Vous finissez par accepter, contraint et forcé, parce que votre épouse qui est aussi ma soeur vous fait comprendre que pour une fois vous pourriez rendre service... Que va devenir votre projet de dentifrice?
Aujourd'hui vous avez toujours l'argent, et vous pouvez lancer le projet. Mais si je gère mal mes affaires, vous serez obligé de payer 100.000 euros à mes créanciers, et vous serez en faillite. Cela ne peut que vous inciter à être plus prudent. Soit vous annulerez le projet, soit vous réduirez la voilure, soit vous vous lancerez quand même en vous disant Eh m...!
Il en va de même pour la garantie de l'Etat apportée aux banques. On ne sait pas si on va la payer. On ne sait pas combien on va payer. On ne sait pas qui va payer. On ne sait pas quand on va payer. Pour quelqu'un qui veut entreprendre aujourd'hui, c'est un sacré handicap. Ceci aura donc pour effet de tuer dans l'oeuf une partie des projets nouveaux. Même si au final aucun argent n'est déboursé, ces projets qui n'auront pas été menés à bien seront autant de richesses qui feront défaut.
Voilà ce que coûte la garantie de l'Etat.
« Le pari raisonnable que nous faisons est qu’en apportant cette garantie, nous n’aurons pas à la faire jouer », a expliqué le chef de l’Etat. « L’encours total des prêts garantis est plafonné à 320 milliards d’euros. Ce chiffre est un maximum qui ne sera sans doute jamais atteint. Il ne représente en aucun cas un coût pour le contribuable puisqu’il s’agit d’une garantie qui ne jouera qu’en cas de défaillance d’un établissement. En l’absence de défaillance, le contribuable sera gagnant du montant des commissions encaissées sur les garanties souscrites ».Toujours dans le Monde daté du 15 octobre, on peut lire :
Le projet de loi de finances rectificative déclinant pour la France le plan d’action concerté arrêté le 12 octobre à l’Eurogroupe, prévoit la création de deux « véhicules » spécifiques auxquels l’Etat apporte sa garantie : une « caisse de refinancement », chargée d’alimenter le système bancaire en liquidités, et une société de prises de participation de l’Etat (SPPE), dont la vocation est de participer aux opérations de renforcement ou de stabilisation des fonds propres des organismes financiers. [...]Le montant le plus important - les 320 milliards - ne seraient donc ni déboursés par le contribuable, ni comptabilisés dans la dette publique. C'est magique! Une analogie très simple permet de voir où est l'erreur dans le raisonnement.
La caisse de refinancement lèvera donc de la dette sur les marchés en tant que de besoin. Bercy fera valoir auprès de l’Insee et d’Eurostat que cette dette, émise par une institution financière, ne devrait pas être comptabilisée dans la dette publique.
Quant à la SPPE, détenue à 100 %par l’Etat et créée pour renforcer les fonds propres des organismes financiers et pour monter – si nécessaire – au capital de tel ou tel établissement, elle s’endettera à hauteur de ce qui sera nécessaire. Ses dettes seront comprises dans la dette publique.
Supposez que vous soyez entrepreneur. Vous avez l'idée de lancer un dentifrice bio aux orties qui devrait faire un carton. D'après vos prévisions, il vous faut 100.000 euros pour financer le projet; vous les avez tout juste. Vous vous apprêtez à lancer le projet mais un soir je sonne à votre porte :
"Dis-donc, j'ai un problème en ce moment. J'ai fait de mauvaises affaires. Ca va mieux maintenant mais il va me falloir un peu de temps pour éponger tout ça. En attendant, tu vas te porter caution pour moi à hauteur de 100.000 euros. Ce n'est pas comme si je te demandais de l'argent : si tout va bien tu ne débourseras pas un euro. Et cette sécurité me permettra de redresser mes affaires."
Vous finissez par accepter, contraint et forcé, parce que votre épouse qui est aussi ma soeur vous fait comprendre que pour une fois vous pourriez rendre service... Que va devenir votre projet de dentifrice?
Aujourd'hui vous avez toujours l'argent, et vous pouvez lancer le projet. Mais si je gère mal mes affaires, vous serez obligé de payer 100.000 euros à mes créanciers, et vous serez en faillite. Cela ne peut que vous inciter à être plus prudent. Soit vous annulerez le projet, soit vous réduirez la voilure, soit vous vous lancerez quand même en vous disant Eh m...!
Il en va de même pour la garantie de l'Etat apportée aux banques. On ne sait pas si on va la payer. On ne sait pas combien on va payer. On ne sait pas qui va payer. On ne sait pas quand on va payer. Pour quelqu'un qui veut entreprendre aujourd'hui, c'est un sacré handicap. Ceci aura donc pour effet de tuer dans l'oeuf une partie des projets nouveaux. Même si au final aucun argent n'est déboursé, ces projets qui n'auront pas été menés à bien seront autant de richesses qui feront défaut.
Voilà ce que coûte la garantie de l'Etat.
2 commentaires:
Pourtant lorsque l'on est étudiant et que l'on cherche à louer un appartement, un proche se porte généralement garant de la location. C'est souvent la seule solution pour trouver grâce aux yeux des propriétaires. Et dans les faits, le garant a confiance en vous et ne débourse effectivement rien.
@ henriette
Imagine que les parents soient l'entrepreneur avec un projet de dentifrice bio aux orties, et que leur fille, étudiante, ait un projet de diplôme qui requiert un financement.
Il faut 100.000 euros pour le dentifrice, et 100.000 euros pour les études de fifille. Les parents ont 200.000 euros mais la mère a des incertitudes sur le devenir de certains placements. Peuvent-ils financer les deux? La mère peut-elle financer les études de sa fille tandis que le père finance le dentifrice tout en se portant caution pour sa chère moitié?
P.S. Je connais des parents dont on a fait jouer la caution et qui ont mis un moment à s'en remettre...
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