éconoclaste-stéphane écrit :
C'est la contestation concertée de la limite des 3% de déficit public du traité de Maastricht. Ce chiffre, dont on sait qu'il n'a pas de fondement théorique, a probablement jusqu'ici été négatif pour la régulation conjoncturelle, les avantages de la règle (éviter un très grand n'importe quoi) ayant été limités (voir les ruses de sioux comptables) alors que les inconvénients étaient clairs (absence de souplesse et déresponsabilisation : "c'est l'UE, ma bonne dame" ou absence de réduction en période d'expansion). Le pire n'étant jamais certain, je n'exclue pas de regretter un jour ces mots. En attendant, Nicolas Sarkozy transformera-t-il cette (possible) nouvelle souplesse en quelque chose de bien ou se contentera-t-il d'arroser amis et secteurs vendeurs médiatiquement parlant ? Difficile à dire.
Gu Si Fang commente :
Le pacte de stabilité était une tentative de constitution monétaire et budgétaire. Il limitait les pouvoirs des Etats membres, ce qui est l'un des rôles d'une constitution.
Certes, ce contre-pouvoir était bien chétif. Le plafond de 60% de dette/PIB, par exemple, a été oublié depuis longtemps. Avec les 3% de déficit budgétaire, et officieusement l'objectif de 2% de hausse des prix, la constitution monétaire et budgétaire est à présent complètement morte et enterrée.
Les Etats ont donc recouvert leur souveraineté budgétaire, dont acte. La différence avec la période antérieure, c'est qu'il y a maintenant l'euro. Pour faire un parallèle, imaginez que les collectivités locales soient dotées du même pouvoir, et qu'elles puissent entretenir un déficit budgétaire et accumuler les dettes...
A mon avis, tout est en place pour un retour durable des déficits publics. La BCE ayant cédé sur la stabilité des prix, la monétisation de la dette sera l'issue probable. Or le fait d'avoir une BCE permet de monétiser la dette de façon beaucoup plus efficace, moins visible (dans un premier temps) et à une autre échelle que ce qui était possible avec des monnaies nationales. Le taux de change, par exemple, qui servait de bonnet d'âne pour les Etats impécunieux, a disparu.
Nous avons donc à présent le système institutionnel suivant :
- des Etats dont les représentants politiques peuvent de nouveau dépenser sans trop compter si cela les aide pour être élus
- une BCE dont les dirigeants ne sont pas élus et peuvent prélever d'une manière redoutablement efficace l'impôt d'inflation, l'impôt le plus opaque et le plus injuste qui soit
Même si l'on croit à l'utilité des politiques de relance (ce qui n'est pas mon cas), il faut reconnaître que ce cadre institutionnel permet tous les abus. Et abus il y aura, je le crains.
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